Lors des séjours suivants au Maroc, ma photographie à évolué, notamment par le passage du noir et blanc à la couleur. En apprenant à connaitre et comprendre ce pays un peu mieux, j'ai pu progressivement laisser de côté mon approche distante pour m'immerger davantage dans la vie quotidienne de Fès et Marrakech.
On découvre dans cette série une vie où le travail et la vie personnelle sont parfois difficiles à distinguer. Par ailleurs, nous comprenons mieux la vie en communauté, le fonctionnement du four à pain dans chaque quartier, l'entraide qui se veut omniprésente, ainsi que la supervision des Mokaddem.
Ici, j'avais envie de capter une sorte "d'entre-deux". L'entre-deux pendant lequel un moment de respiration et le naturel s'expriment chez les locaux alors qu'habituellement il est plutôt question de capter quelques dirhams aux touristes présents. Cet entre-deux prend vit lorsqu'on prend le temps de regarder ce vendeur d'appeaux triste et éreinté, cet enfant qui aurait préféré jouer ou dormir plutôt que d'essayer de vendre son pain. On le retrouve aussi lors de moments plus joyeux, par exemple lors d'une partie de cartes où des blagues fusent d'un bout à l'autre de la ruelle. Chacun de ces moments s'articulent autour des différents moments d'une journée, du petit matin où la lumière est d'une douceur poétique jusqu'à la fermeture du Souk dans la pénombre.
Cette série est tirée d'un travail que je poursuis encore à l'heure actuelle dans lequel j'essaye d'explorer les valeurs ainsi que les limites d'un système où la communauté prévaut sur l'individu. Dans le but de pouvoir exprimer la richesse que cela pourrait apporter dans notre monde occidental où - à l'inverse - l'individu prévaut sur la communauté.